L'ARC EN CIEL DE TA PAIX
Un nouveau pont franchit la Loire, tout près de nous, pour nous tous. En lui-même, ce pont est porteur et symbole d’harmonies fraternelles. Voici que ce pont porte un nom, le nom d’un homme de paix et de fraternité, un poète, Léopold Sédar Senghor.
En janvier 1945, à Paris, dans les lendemains de la libération de notre pays, il écrit ce poème pour conclure une oeuvre qu’il a intitulée « Hosties noires ». Ce poème, c’est sa prière pour la France et pour le monde :
Ô bénis ce peuple, Seigneur qui cherche son propre visage…
bénis ce peuple qui rompt ses liens, bénis ce peuple aux abois
qui fait front à la meute boulimique des puissants et des tortionnaires
et avec lui tous les peuples d’Europe, tous les peuples d’Asie,
tous les peuples d’Afrique et tous les peuples d’Amérique
qui suent sang et souffrances.
Et au milieu de ces milliers de vagues,
vois les têtes houleuses de mon peuple
et donne à leurs mains chaudes
qu’elles enlacent la terre
d‘une ceinture de mains fraternelles
DESSOUS L’ARC EN CIEL DE TA PAIX.
Soixante-cinq ans plus tard, en 2010, nous vivons bousculés, pleins d’incertitudes et d’inquiétudes pour nous-mêmes, pour notre peuple, pour les peuples du monde et en particulier pour les peuples qui, chez nous, nous tendent la main du fond de leur détresse.
Nous communions à cette prière de notre frère africain : que nos mains ne soient plus dans nos
poches ou notre dos, inactives, isolées, malveillantes.
Que nos mains chaudes enlacent la terre d’une ceinture de mains fraternelles.
Jean-Louis Maura