EDITO -- Diacres permanents au coeur de tout ce qui fait leur vie
Pour la revue diocésaine « Eglise en Loire Atlantique », Benoit Noblet a interviewé Pierre et Christophe :
Comment vous est venue l’interpellation au diaconat ?
Pierre : C’est le prêtre de la paroisse, Jo Potiron, qui m’a sollicité, sans doute parce qu’il jugeait important qu’il y ait
un diacre dans le milieu pédopsychiatrique. Cela a été une énorme surprise pour moi, d’autant que le diaconat ne me
disait rien. J’ai alors découvert le sens que cela pouvait prendre pour être apôtre et témoin dans le monde auprès
des plus pauvres, des plus fragiles, de mes patients en ce qui me concerne. Sans oublier non plus ce monde des
soignants engagé humainement mais souvent anticlérical. Être diacre, ce n’est pas faire des choses en plus (quoique…),
c’est avant tout être signe du Christ serviteur dans le monde, et dans un monde parfois athée. Être diacre, c’est
mettre un nom sur un engagement, c’est vivre l’Amour en actes, plus fort que des paroles.
Christophe : J’ai également été interpellé par le même prêtre. J’étais loin de me douter de ce qu’il allait me
demander. Dans la définition de notre projet de mariage, Marie‐Pierre et moi avions traduit l’ouverture de notre
foyer aux autres, pour partie, par l’annonce de l’Evangile. La concrétisation de ce projet passait, pour nous, par
la participation à des services d’Eglise. Mais j’ai souvent confié à Marie‐Pierre mon sentiment « d’insatisfaction »
devant cet « empilement » de services en paroisse, ressentant profondément qu’il pouvait y avoir une autre façon
de témoigner, mais ne pouvais la définir. C’est au plus fort de cette interrogation que Jo est venu me poser la question
du diaconat permanent. La surprise passée, j’ai accepté de faire une année de discernement qui m’a apporté un
éclairage bouleversant sur ce ministère qui m’était méconnu.
Se préparer au diaconat, c’est un long cheminement…
Christophe : La mission du diacre est en plein terrain humain, en ayant une vigilance vis‐à‐vis du plus fragile, du
plus pauvre, vis‐à-vis de celui qui est sur le seuil de l’Église aussi. Mais comment mon métier me permettrai‐t’il
cela ? Comme l’année de discernement, l’équipe d’accompagnement m’a permis de découvrir que pauvreté et
fragilité peuvent prendre des formes diverses. Ce groupe, constitué de croyants et de personnes qui se disent
non‐croyantes, issus de nos différents lieux de vie, a donné un souffle nouveau à notre cheminement. En même
temps, il y a une formation biblique, théologique, ecclésiologique reçue, et des week‐ends avec tous les autres
cheminants vers le diaconat. Ils permettent d’échanger et de prier ensemble. La fraternité diaconale est vitale.
Il y nait aussi de l’amitié. Le fait d’être ordonnés à deux me fait vivre cette communion fraternelle encore plus
fortement.
Pierre : L’équipe d’accompagnement est importante effectivement, car on n’est alors plus seul. Elle est constituée
de personnes diverses qui nous accompagnent pendant trois ans. C’est un lieu important de questionnement pour
soi et sur le diaconat. On y fait l’expérience qu’on n’est pas chrétien tout seul dans une petite communauté dont
chaque membre finalement chemine.
Comment l’annonce de votre ordination diaconale est accueillie dans votre entourage ?
Pierre : L’étonnant, c’est que mon entourage professionnel n’en a pas été plus surpris que cela, sans doute en
raison de ce qu’ils perçoivent de moi. Quelqu’un m’a même lancé : « Tu nous l’avais déjà dit ! » alors que ce
n’était évidemment pas le cas. Mon ordination leur pose nécessairement question, mais j’ai l’impression que ça
les rassure par rapport à leur propre engagement dans le métier. Ils sont habités par l’Esprit Saint sans mettre
un nom dessus. En famille, Marie a été associée dès le départ. C’est une immense joie partagée qui nous habite.
L’épouse porte aussi le service du diacre. Et les enfants se sont faits à l’idée en sept ans de préparation ! Et ça
les interroge certainement par rapport à leur foi.
Christophe : Depuis que j’ai annoncé mon ordination prochaine, on me confie des questionnements sur le sens de
la vie, des blessures, des solitudes vécues… Il y a donc une écoute à avoir, un témoignage à apporter. Je m’aperçois
que les personnes les plus loin de l’Église sont touchées par le fait que celle‐ci puisse venir à eux. Avec Marie‐Pierre,
l’engagement se prend à deux, et le « oui » à cet appel fait écho au « oui » de notre mariage. Elle m’a laissé aller à
mon rythme dans mon cheminement.