ÉDITO -- UNE HUMANITÉ NAUFRAGÉE !

Des bateaux surchargés qui chavirent et des centaines de personnes précipitées à la mer. Des embarcations de fortune où s’entassent des hommes, des femmes, des enfants en quête d’une terre d’accueil, livrés aux mains de trafiquants d’êtres humains. Depuis janvier 2015, plus de 2 000 personnes ont trouvé la mort en Méditerranée qui est devenue la route la plus mortelle du monde.

Cette immense tragédie nous interpelle TOUS. Elle est le symptôme d’une humanité naufragée et noyée. La Méditerranée est un immense cimetière, le cimetière des « invisibles », ceux qu’on ne veut pas voir.

Le Pape François souligne que ce sont pourtant « des hommes et des femmes comme nous. Affamés, persécutés, blessés, exploités, victimes des guerres, ils cherchaient une vie meilleure, ils cherchaient le bonheur ». Il ajoute que c’est un échec humain qui interpelle la communauté internationale pour « qu’elle agisse avec décision et diligence afin que de telles tragédies ne puissent plus se reproduire ».

A rester sans réaction, c’est notre humanité qui est menacée, c’est elle que nous risquons de perdre. En laissant l’Italie assumer presque seule l’essentiel des missions de sauvetage, l’Europe n’est pas à la hauteur du défi humanitaire qui se pose. Mgr Georges PONTIER, archevêque de Marseille et président de la conférence des Evêques de France,  « en appelle à un sursaut de la communauté internationale pour mettre un terme au plus vite à cet enchaînement de souffrances qui commence par les raisons de la fuite de ces personnes migrantes et qui continue par les conditions atroces qui leur sont imposées durant leur périple… Nous ne pouvons continuer à fermer les yeux sur ces atrocités vécues par ces hommes, ces femmes, ces enfants qui, à la recherche de la liberté et de la paix, vivent ces parcours d’esclavage et de mort.  Nous appelons tous les catholiques à s’unir dans une prière de compassion. »

La prière est cet « espace » qui nous ouvre à Dieu et qui nous ouvre à tous nos frères, en humanité. La prière est cette « attitude » qui nous permet d’écouter le cri des pauvres.  Il n’y a pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre. Sommes-nous prêts à entendre le cri de ces personnes en grande détresse, de ces pauvres parmi les pauvres ?

Rappelons-nous ces mots forts du Pape François, dans son exhortation « La joie de l’Evangile » : « Pour l’Eglise, l’option pour les pauvres est une catégorie théologique avant d’être culturelle, sociologique ou philosophique… car nous croyons en ce Dieu qui s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté » (§ 198)

René PENNETIER