SÉPULTURE de PAUL TEMPLIER  - HOMÉLIE René Pennetier

 

Le 4 août dernier, lorsque Paul a entendu le diagnostic qu’on lui annonçait, ça été pour lui un véritable coup de massue. Il a dit à des proches : je ne m’y attendais pas du tout et j’avais l’impression que tout s’écroulait… Avant d’ajouter 2 jours après : le 6 août, c’était la fête de la transfiguration… et cet évangile de la transfiguration m’a remis debout. Je me suis dit : Paul, ce visage du Transfiguré, il faut que maintenant tu te prépares à le rencontrer et à l’envisager face à face.

Cette espérance qui l’animait, dans son combat contre la maladie, Paul l’a partagée avec quelques proches, le 22 octobre dernier, quand il a reçu le sacrement de l’onction des malades : un grand moment d’amitié et de fraternité, un beau moment de foi.

Cette espérance qu’il nous partageait devient maintenant réalité. Même si les dernières semaines ont été difficiles avec la dégradation de son état, les moments de souffrance, de peur et sans doute d’angoisse… Paul est arrivé au bout de son chemin au milieu de nous et nous osons croire qu’il goûte à ce « face à face » avec son Seigneur, celui qu’il n’a cessé de chercher « mon âme a soif du Dieu vivant » ; celui qu’il n’a cessé de servir dans ses frères. Nous osons croire qu’il goûte à ce ciel nouveau et cette terre nouvelle, évoqués dans le livre de l’Apocalypse… ce monde nouveau « où Dieu essuie toute larme des yeux, ce monde nouveau où la mort n’existera plus. »

Ce monde nouveau, cette terre nouvelle, Paul n’a pas fait que les attendre, Paul n’a pas fait que les prêcher ! Avec les convictions qui étaient les siennes, avec ses compétences, sa grandeur d’esprit, mais aussi ses fragilités, Paul s’est battu pour faire advenir ce monde nouveau. Il ne s’est pas enfermé dans l’église. Il s’est risqué pour sortir vers les autres et « aller aux périphéries humaines » comme le dit le Pape François. Comme homme, comme citoyen, comme croyant dans son ministère de prêtre, Paul a beaucoup donné de lui-même pour construire cette terre nouvelle où la solidarité fait reculer l’injustice, où la fraternité l’emporte sur l’exclusion, où le souci du partage bat en brèche le chacun pour soi.

Pour mener ces combats, Paul s’est nourri de l’Evangile et de la rencontre avec le Christ. Sa relation avec lui n’était pas une relation de subordination, mais une relation de confiance, une relation fraternelle. C’est en s’appuyant sur le Christ qu’il a avancé, qu’il a grandi, qu’il a appris à se dessaisir de sa vie pour la donner aux autres, comme le disait l’évangile. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », cette Parole du Christ a éclairé et guidé la vie de Paul. Bien plus, elle a nourri son ministère de prêtre, lui qui avait répondu à son appel, lui qui avait été choisi et institué pour aller et porter du fruit.

Les fruits du ministère de Paul, c’est l’affaire de Dieu… C’est aussi son œuvre, lui qui a besoin de nous, de nos bras, de nos mains, de nos jambes, de notre tête, de notre cœur pour exprimer son amour pour chaque homme, pour tout homme. Mais beaucoup d’entre nous ont goûté aux fruits de ce ministère fraternel et fécond de Paul au milieu d’eux, pour eux. Sachons et rendons grâce, en cette heure, pour ce que Dieu a fait par le ministère de Paul.

Paul, ce Dieu que tu as cherché inlassablement : « Mon Dieu, je te cherche dès l’aube, mon âme a soif de toi ». Paul, ce Dieu que tu as essayé de servir en servant tes frères et sœurs en humanité…

Ce Dieu, puisses-tu maintenant le contempler face à face. Que son visage de gloire t’illumine et transfigure ta vie. Oui, Paul, tu peux maintenant t’avancer devant Dieu et lui dire en toute confiance, dans la vérité de ta vie : « Père ! j’ai tenté d’être un homme et je suis ton enfant… »

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