Édito - LES QUATRE AUTRES LETTRES DE NOËL 

24 décembre au soir… la fébrilité de la ville est tombée, tout comme l’est la nuit maintenant. L’activité semble s’être glissée dans nos maisons, laissant les rues, les places, silencieuses. La petite école du quartier l’est tout autant. Dans une classe, faiblement éclairée par la guirlande lumineuse de la rue, attendent les lettres de l’alphabet, toutes alignées, à leur habitude, en ordre, sur le haut du tableau noir, sombre comme l’est la nuit maintenant. Elles attendent. Elles attendent quoi ? Désœuvrées ? Non, pas toutes ! Le « N », le « O », le « E », et le « L » sont toutes les quatre en pleine activité ! On les voit partout depuis quelques jours : vitrines des magasins, affiches dans la ville, en messages de vœux… et même lumineuses parfois ! Des stars ! On peut dire que ces quatre-là font la paire ! Mais surtout, au son des quatre se déclenchent rires, joie, projets… Mais peut-être pas pour tous …

Les autres lettres ? elles se côtoient, parfois, souvent, au gré des mots. Se lient et se délient suivant l’inspiration du rédacteur, parfois pour de bons mots, souvent pour l’ordinaire, quelques fois pour des banalités…

Mais cette nuit, elles veulent, elles aussi être, à l’œuvre ! Non pas pour effacer leurs quatre consœurs ! Non ! Peut être juste, seulement, pour être un mot qui compte, cette nuit, pour l’Enfant de la crèche.

Le « a » est tout en rondeur, c’est un bon vivant ! Très bavard, il est de toutes les informations qui circulent, de tous les messages2022 12 25 crêche partagés, se cachant parfois, incognito, dans nos « arobase ». Toujours devant, le « a », s’est retourné ce soir, pour regarder bien loin, tout là-bas, au bout de la ligne, vers le « X ».

Le « X », lui, se pense souvent oublié. Pourtant il n’aime pas la solitude, il aime se retrouver en nombre. Mais lors des grands rassemblements, bien souvent, on lui préfère le « S ». Aura- t-il aujourd’hui une place singulière ? 

Le « i » se décide de bouger ! Lui, si immobile, n’est pas un drôle : droit comme un pic, raide comme la justice, on ne peut pas le faire fléchir !  Et pourtant cette nuit, quelque chose d’insondable, d’irrésistible le pousse à se mettre en marche ! Aussitôt le « p » lui emboite le pas. Ouh-là-là, quel caractère ! Quand il est majuscule, le « P » a un peu la grosse tête ! Si grosse qu’on se demande comment son seul pied peut le porter !  Il faut dire qu’il s’occupe de choses graves, sérieuses le « P » : la Politique, le Pouvoir, la Peur…

Alors, les voici ainsi toutes les quatre, si différentes de caractère. Elles s’alignent, machinalement, comme à leur habitude, et … Et… Et ça sonne bien ! Ça sonne comme « Noël », et surtout ça résonne ! Ça résonne loin, très loin ! Partout !  

Depuis cette nuit, elles se sentent comme liées, rapprochées, alors que l’ordre des choses les tenait à distance. Depuis cette nuit, même le « p » s’est fait minuscule. Il sera « pont » et « passage », pour ceux qui veulent se retrouver ! Elles se font la promesse d’être aujourd’hui et à jamais les quatre autres lettres de Noël !

Christophe BERTE, diacre

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