La Toussaint, une fête pour aujourd’hui

 

2022 10 30 edito1La Toussaint nous donne « de célébrer dans une même fête la gloire de tous les saints », comme le dit la collecte (prière d’ouverture) de ce jour. Mais quel est le sens de cette fête solennelle ? La Toussaint, est-ce la visite annuelle du « panthéon » chrétien ? Et le culte des saints, est-il une reviviscence des superstitions antiques ? Si tel était le cas, il y a longtemps que l’Eglise aurait pris ses distances avec cette tentation paganiste voire polythéiste. Pourtant, cette fête populaire instauré au VIIIe s., n’a jamais disparu au cours de l’histoire, pas même à l’heure de la réforme liturgique commandée par le Concile Vatican II.

La réforme du calendrier fut un sujet sensible. Certains ont crié au scandale en cherchant les saints « déplumés » ou « disqualifiés », de « seconde main » qu’on avait fait disparaître du calendrier. Il est vrai qu’on a alors procédé à un nécessaire toilettage : pour éliminer les fêtes « qui étaient tributaires de légendes avérées », pour « écarter nombre de saints italiens de moindre importance », pour « élargir le calendrier de Rome à l’universalisme de l’Eglise, au Canada, à l’Afrique, au Japon et à l’Océanie », comme le rapporte la cheville ouvrière de ce travail de réforme du calendrier. Loin d’un mépris pour les petites gens, ce prêtre de notre diocèse, Pierre JOUNEL (1914-2004) a montré que la réforme liturgique prenait au sérieux la dévotion populaire au culte des saints en lui donnant sa juste orientation : une invitation à contempler le mystère pascal à l’œuvre dans la vie concrète des disciples du Christ, au fil des siècles. Voici ce qu’il écrivait, en 1973 :

« La galerie de saints que présente le Missel est d’une diversité incroyable, mais on peut en dégager des permanences. Tous ont été des hommes et des femmes de prière et de pénitence. Tous ont été éblouis par Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, tous ont aimé passionnément Jésus et sa croix. Tous ont été fiers de se dire fils et filles de l’Eglise, même s’ils devaient souffrir par elle. Tous ont fait des Béatitudes la lumière de leur route et de l’Eucharistie le soleil de leur vie. Tous se sont mis humblement au service de leurs frères. À l’heure où beaucoup se demandent ce qui peut changer et ce qui, en toute hypothèse, doit demeurer dans la vie du chrétien de notre temps, le témoignage des saints apporte une réponse libératrice. » (Missel de la semaine, p. [14]) 2022 10 30 edito2

À 50 ans de distance, ces mots n’ont pas vieilli, ils nous redonnent de l’élan. En contemplant ensemble, ceux dont les vies se déploient au fil de l’année liturgique, c’est le visage de l’Eglise du ciel qui nous apparaît tout à coup plus charnel. La foule des saints manifeste combien celui qu’ils contemplent n’est pas inaccessible puisque son visage se reflète sur leurs visages, d’une manière unique. Elle nous rend plus accessible la sainteté et nous pousse à désirer passer « de la table des pèlerins au banquet de la patrie du ciel » (prière après la communion). C’est ce même désir qui nous fera oser prier pour nos défunts, au lendemain de cette fête lumineuse : « En ta bienveillance, reçois-les dans ton Royaume, où nous espérons être comblés de ta gloire, tous ensemble et pour l'éternité, quand tu essuieras toute larme de nos yeux ; en te voyant, toi notre Dieu, tel que tu es, nous te serons semblables éternellement et, sans fin, nous chanterons ta louange. (Prière eucharistique n°3).

Joyeuse fête à tous !

Emmanuel MUSTIÈRE,

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