Édito - Toujours plus loin, toujours plus large

 

 

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Chaque année, le mois d’octobre est marqué par une attention spéciale à la mission, avec la Semaine Missionnaire Mondiale. Elle s’ouvre pour nous le dimanche 16 octobre avec ce thème extrait des dernières paroles de Jésus avant son ascension, dans la promesse du don de l’Esprit Saint : « Vous serez mes témoins » (Ac 1, 8).

La béatification de Pauline JARICOT, fondatrice de l’œuvre de la Propagation de la Foi, le 22 mai dernier à Lyon, a remis en lumière cette vieille institution qui a su se renouveler au fil du temps. Car assurément, on n’emploie plus aujourd’hui le mot de « mission » de la même manière qu’au XIXe siècle, le grand siècle des missions. On opposait alors les pays de vieille chrétienté à ceux qui n’avaient pas encore accueilli la lumière de l’évangile. Déjà, en 1943, deux prêtres français suscitèrent une vive émotion dans l’opinion en osant intituler un ouvrage : France, pays de mission ? Des signes de déchristianisation se faisaient déjà sentir, obligeant à reconsidérer la tâche évangélisatrice. Avec le pape Paul VI, est apparue la notion de « nouvelle évangélisation » pour les pays dont la première évangélisation était ancienne. Sous le pontificat du pape François, nous avons entendu l’appel à reconsidérer toutes nos activités sous l’angle de la mission pour les renouveler en profondeur, afin de devenir des « disciples-missionnaires ».

Dans ce contexte, pourquoi continuer de tourner les yeux ailleurs quand l’urgence d’annoncer le Christ à ceux qui ne le connaissent pas/plus est déjà à notre porte ? J’y vois au moins trois raisons. Nous nous sommes habitués à ce que des prêtres venus d’ailleurs prennent une part importante dans la vie de notre diocèse de Nantes, en assumant la charge de curés par exemple. Tourner les yeux vers leurs pays d’origine, c’est manifester notre reconnaissance pour le sacrifice consenti par leurs jeunes Eglises dont les besoins sont immenses. En ce sens, le jumelage de notre diocèse avec le diocèse de Parakou (Bénin), fondé en 1948, est une grâce.

Devant le risque de se construire une Église à notre image, l’attention à l’autre nous détourne d’une préoccupation malsaine de nous-mêmes. Cette attention est même un critère de vérification de notre amour de l’Église, écrivait le pape Pie XII dans sa grande encyclique Fidei donum qui réveilla, en 1957, l’appel missionnaire. « Un chrétien n’est pas vraiment attaché et dévoué à l’Église s’il n’est pas également attaché et dévoué à son universalité, désirant qu’elle s’implante et qu’elle fleurisse en tous lieux de la terre. »

Enfin, le même Pie XII justifiait l’appel à la mission selon l’obéissance à la logique du don ouverte par le Christ : c’est en se donnant qu’on trouve la vie. « Une communauté chrétienne qui donne ses fils et ses filles à l’Église ne saurait mourir. » Et il ajoutait : « La vitalité catholique d’une nation se mesure aux sacrifices qu’elle consent pour la cause missionnaire ». La prière et les dons sont un moyen de soutenir la mission, mais ce n’est pas tout. Plusieurs organisations permettent de partir vivre la mission à l’étranger pour un temps : la Délégation Catholique à la Coopération (DCC), les Missions Etrangères de Paris (MEP), la FIDESCO, etc. Contre une logique d’auto-préservation mortifère, ne craignons pas de susciter cette expérience chez des membres de nos paroisses, jeunes ou adultes, célibataires ou familles. Nos communautés en recevront un nouvel élan de vie.

Emmanuel MUSTIÈRE, curé

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