ÉDITO -- DONNE-MOI À BOIRE !


2016 03 13 edito  Ce texte de la Samaritaine est, sans doute, l'un des plus beaux de la
  Bible. Celui qui ouvre, en tout cas, des perspectives abyssales, tel un
  puits sans fond, sur le projet d’Amour de Dieu pour l’Homme. Lorsque
  Saint Jean écrit, rien n'est simplement une anecdote. Tous les éléments
  de ce récit sont symboles :
  - D’abord le puits : Pour les hommes du désert, un puits est bien plus
    qu'un point d'eau. C'est aussi un lieu de rencontre où l'on bavarde, où
    l'on échange. Le puits, est l'endroit où l'étranger devient l'ami. Au bord
    du puits, Jésus a dépassé toutes les barrières que dressait son époque
   pour accueillir la Samaritaine : oppositions Homme / Femme, Juif croyant et samaritain païen.
   - Puis l’eau : L'eau, rare en ces lieux arides. L’eau qui régénère, qui ressource, est maintenant la Parole qui s’est
faite chère. Une parole merveilleuse qui rejoint la profondeur du puits, la vérité d'une vie. Une parole
précieuse, plus vitale qu'une source au milieu du désert. Une parole définitive, la Samaritaine peut laisser là sa
cruche au bord du puits. Les mots de Dieu vont combler sa soif.
- Enfin, dans la Bible, le puits est souvent le lieu où les mariages se nouent. Souvenons-nous de la rencontre de
Moïse et de Séphora autour du puits de Madian. Cette rencontre fut le départ d’une vie de conversion pour
Moïse, afin de conduire le peuple de la première alliance à la liberté. Eh bien, le puits au bord duquel Jésus
rencontre la Samaritaine est devenu ce lieu où se déclare la nouvelle alliance entre le Christ et toute l'humanité,
pour nous conduire à la liberté. Dans cette nouvelle alliance, Jésus fait entrevoir l'adoration du Père en esprit
et en vérité, bien au-delà des querelles de peuples et de religions, mais chaque fois où, avec un coeoeoeoeur droit, des
hommes et des femmes se tourneront vers Dieu.
Cette humanité, Jean lui a donné un nom : la Samaritaine. Nous pouvons aujourd’hui lui en donner bien
d’autres : Ces Samaritains, ces Samaritaines sont peut-être cet Autre qui ne prend pas les mêmes chemins que
nous. Et puis, la Samarie, elle est parfois en chacun de nous, quand nous désespérons de nous-mêmes.
C’est en nous tous que Jésus creuse une source d’eau vive qui donne sens à nos vies.
Alors, il peut ainsi s’adresser à toute notre humanité pour nous dire aujourd’hui :
« J’ai soif ! Donne-moi à boire ». Jésus révèle aussi sa soif de nous, de notre amour, de notre liberté. « Dieu a
soif de nos soifs », disait Saint Augustin. Lorsque sa soif et notre soif se rencontrent, commence le travail de
conversion, de transformation, de divinisation. Et nous faisons alors la joie de Dieu.
Une deuxième fois, Jésus nous crie : j’ai soif. C’est au soir de sa passion ! Les paroles de Jésus sont des paroles
d’Homme. Il porte au Père nos désespoirs, nos incompréhensions, nos détresses. Notre peine. Dieu vit notre
misère avec nous : c’est le sens de miséricordieux.
« Dieu, c’est toi mon Dieu que je cherche, mon âme a soif de toi, après toi languit ma chair, terre aride, altérée,
sans eau. » (Ps 63) ne pas se lasser de le chercher, car nous avons soif : soif d’un désir de vivre, désir de Dieu.
D’un Dieu qui parle à notre cœur.
                                                                                                                                               Christophe BERTE

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