ÉDITO -- FRATERNITÉ !

2019 02 24 editoAu nom de la liberté, au nom de l’égalité, au nom de la justice, tout est-il possible ? Pour une fin, la meilleure soit-elle, tous les moyens sont-ils permis ? Notamment quand il s’agit d’utiliser la violence pour exprimer son mécontentement ; quand la force se traduit par des paroles et des actes de haine ; quand on porte atteinte à des « institutions » garantes d’une vie démocratique.

 

« Liberté, égalité, fraternité » sont les trois termes de notre devise républicaine gravée au fronton de nos mairies et de nos écoles. Mais ces trois termes, indissolublement liés, sont-ils pour autant de même nature ?

 

Liberté et égalité sont des droits qu’il faut revendiquer, acquérir, défendre, y compris en manifestant. On a le droit à la liberté : liberté d’entreprendre, liberté d’expression, liberté de s’associer, liberté de penser… On a le droit à l’égalité : égalité entre les sexes, égalité devant l’impôt, égalité devant l’enseignement… Mais ces droits ne peuvent pas tenir sans la fraternité.

 

Pour exister, la fraternité a besoin de la liberté et de l’égalité. Mais il faut dire aussi que c’est grâce à la fraternité que la liberté et l’égalité peuvent cohabiter sans se détruire mutuellement. Liberté et égalité, abandonnées à elles-mêmes, peuvent générer des situations de violence qui nous interrogent et nous font parfois craindre le pire.

 

Si la liberté et l’égalité peuvent se traduire en terme de droit, la fraternité est d’un autre ordre, non pas législatif, mais plutôt moral ou éthique. Elle est de l’ordre de la relation et de l’utopie. « La fraternité n’est pas un fait mais une espérance » (Catherine Chalier). Fraterniser, c’est faire « cause commune », car c’est ce qui nous dépasse qui peut unir.

 

C’est la fraternité qui permet de reconnaître dans l’étranger un semblable. C’est la fraternité qui permet de porter un regard bienveillant et bientraitant sur les pauvres, les personnes fragiles. S’affranchir de la fraternité, c’est donner libre cours au rejet de l’étranger comme perturbateur de l’ordre public, à la culpabilisation des plus pauvres, à un discrédit de l’assistance, à une dialectique des droits et des devoirs qui met l’accent sur les devoirs davantage que sur les droits, bref à un discours de l’exclusion.

 

La fraternité, c’est un don. Nous l’avons reçu en héritage, nous qui avons été créés « à l’image de Dieu, selon sa ressemblance ». (Genèse 1). Le créateur, il est le Père qui nous engendre à sa Vie et fait de nous des fils. Le créateur, il est le Père qui nous a donné cette capacité d’aimer tout homme comme un frère.

 

Dès le début, cette fraternité a été mise à mal quand Caïn tue son propre frère, Abel. Dieu interroge alors Caïn : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » (Genèse 4, 10). C’est à chacun de nous aujourd’hui, qu’il pose cette question : « Qu’as-tu fait de ton frère ? ». En Christ, cette fraternité, si difficile à vivre, est exaltée. Dieu nous a « destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d’une multitude de frères » (Romains 8, 29).

 

Avec le Christ, notre frère, peu à peu, pas à pas, prenons le chemin de la fraternité !

Avec le Christ, notre frère, peu à peu, pas à pas, accueillons tout homme comme un frère !                     

Avec le Christ, notre frère, peu à peu, pas à pas, témoignons que tout homme est un frère !                   

Avec  le Christ, notre frère, peu à peu, pas à pas, osons la rencontre avec nos frères !

René PENNETIER

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