Comme beaucoup, je suis allé voir le film consacré aux moines de Tibéhirine tués en Algérie en 1996. L’affluence, l’intérêt que suscite ce film dépassent largement les frontières du monde chrétien. Les médias de toute obédience lui ont fait un large écho, pas seulement dans leur rubrique cinéma mais aussi dans des articles de portée plus générale.

Le retentissement d’un tel film dans un pays laïc comme la France, critique vis-à-vis de la religion, a pu surprendre.

Je trouve en tout cas que ce succès manifeste qu’un large pan de la société française reste très sensible à la Foi et à l’Église quand celles-ci prennent un certain visage, celui en l’occurrence de la vie de ces sept moines. J’ai relevé dans leur témoignage quatre traits d’un visage d’Église parlants aujourd’hui pour nos contemporains.

 

1 – La proximité : Ces moines sont tellement insérés dans le village qu’ils en font partie intégrante. On les voit participer à une fête familiale de circoncisions, vendre leur miel sur le marché avec tous, et par le frère Luc surtout contribuer à un vrai service de soin pour tous. Cette proximité sonne vrai et marque.

 

2 – Une solidarité qui ne se paie pas de mots. Tout le film est traversé par cette question : devant le terrorisme menaçant, faut-il partir ou rester ? On est forcement touché au plus profond par cette décision des moines de rester, de partager jusqu’au bout, à la vie à la mort, le destin de ce peuple au milieu duquel ils vivent.

 

3 – Une communauté qui fonctionne au dialogue. Beaucoup s’imaginent que la vie au sein de l’Église est faite de soumission et d’obéissance hiérarchique. Que voit-on à Tibéhirine ? Une communauté qui arrive peu à peu à une position unanime par un dialogue sans concession, par la confrontation et aussi par une maturation intérieure.

 

4 – Une prière authentique. On est témoin de la prière des moines. Cette prière pourrait apparaitre récitation ou rabâchage. On est frappé au contraire de découvrir des paroles d’hymnes et de psaumes qui saisissent les moines dans le réalisme de leur drame pour lui donner une portée, une force incroyable , comme ce chant :

  

« Puisqu’il est avec nous pour ce temps de violence, ne

rêvons pas qu’il est partout sauf où l’on meurt … »

 

Ce succès des hommes et des dieux est à méditer : vraie leçon pour nous chrétiens !

On a besoin d’une Église qui se fait proche, vraiment solidaire, qui marche au dialogue et qui investit sa vie réelle dans la prière.

Voilà une Église qui parle à nos contemporains, même incroyants !

 

Jo POTIRON

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