Édito - « Marie se leva et partit en hâte »
C’est le thème des prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) qui se tiendront au milieu de l’été à Lisbonne. 800 jeunes de notre diocèse de Nantes y sont inscrits. C’est plus qu’en 2016 à Cracovie ! Qui sont ces jeunes et quelles sont leurs attentes ? Nous en saurons peut-être davantage à leur retour. Au sein de cette délégation diocésaine, j’aurai la joie d’accompagner le groupe de la zone pastorale Nantes Sud. 30 jeunes aux profils très divers : grands lycéens, étudiants et jeunes professionnels. Parmi eux, 3 résidents des maisons partagées Simon de Cyrène et leurs assistants de vie. Tous cheminent au rythme d’une rencontre par mois depuis le mois d’octobre.
Mais qu’est-ce qui attend ces jeunes qui vont converger de tous les continents ? Sans épuiser la richesse de ces rencontres, il me semble que le thème retenu pour cette année est très suggestif, voire programmatique. « Marie se leva et partit en hâte ». Pour mieux saisir la portée de cette invitation enthousiasmante, il nous faut la resituer dans son contexte originel. À la charnière entre deux événements majeurs de la vie de la jeune fille de Nazareth que sont l’Annonciation et la Visitation, St Luc nous décrit avec fulgurance le bouleversement intérieur qui s’est produit en Marie au point de la transporter vers la maison lointaine de sa cousine Élisabeth. « En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. » (Lc 1, 39)
La rencontre entre la vierge enceinte et sa cousine stérile à l’aube de son troisième trimestre de grossesse est décisive. Il fallait cette rencontre pour que Marie prenne conscience de la vérité de la parole de l’ange qu’elle seule a entendue : « Voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile » (v.36). Élisabeth, par sa grossesse, authentifie l’annonce faite à Marie : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (v. 45). Mais dans le même temps, il fallait la venue de Marie pour que la naissance de Jean-Baptiste constitue le signe que l’espérance d’Israël est en train de s’accomplir : En Jésus, Dieu « relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » (vv. 54-55)
Marie, est empressée, c’est bien le propre de la jeunesse. Élisabeth, quant à elle, par la grâce du temps éprouvé, a reçu la capacité de discerner les signes. Chacune a besoin de l’autre pour que la joie naisse. Une joie qu’un muet chantera bientôt.
Grâce de la fécondité de la rencontre entre deux générations que Dieu aime, grâce de l’ouverture à l’inattendu de Dieu, grâce de l’émerveillement devant l’action de Dieu dans une vie : c’est tout cela qui est contenu dans le départ et la hâte de Marie. C’est tout cela qui attend les jeunes à Lisbonne. La jeunesse du monde va converger vers la vieille Église du Portugal…
Que l’expérience des JMJ fasse naître et renaître la joie sur cette terre de pèlerinage au sud de l’Europe, qu’elle la fasse naître et renaître au départ et au retour. Puissent les nombreuses rencontres de cet été en préfigurer d’autres, au retour des jeunes chez eux, spécialement entre générations différentes.
Chers paroissiens, je vous confie cette intention, plein de confiance.
Emmanuel MUSTIÈRE, curé